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Luis MARIANO (1914-1970)

Louis Mariano

 

Il y  44 ans, les feux d’artifice du 14 juillet furent ternis, pour ses admirateurs fervents, par l’annonce de la disparition de Luis Mariano. Il était né peu après le déclanchement du premier conflit mondial, le 13 août 1914 à Irun. En cette année de centenaire, est-il indécent de mêler à la commémoration d’une tragédie dont on ne cesse de mesurer les tristes conséquences, le souvenir d’un chanteur d’opérette qui suscita autant de ferveur populaire (surtout féminine) qu’il déclencha de railleries chez les mélomanes distingués ?

Pourtant, à sa façon, il est le témoin des drames de son époque. Sa famille a fui les bombardements du Pays basque, au début de la Guerre civile espagnole pour se retrouver à Bordeaux où le jeune homme entame des études à l’Ecole des Beaux-Arts de la ville, tout en continuant le chant choral qu’il avait pratiqué au Pays Basque, notamment au sein du célèbre Orphéon Donostiarra de Saint-Sébastien. Il participe comme second ténor d’une chorale à une tournée dans toute les capitales européennes, au profit des Résistants Basques et Espagnols, qu’il enregistre un disque de chansons populaires. Plongeur dans un cabaret bordelais, le chef d’orchestre découvre sa voix et l’engage comme chanteur. Son succès l’engage à entrer au Conservatoire de Bordeaux, en 1939, dont le directeur, le célèbre violoniste Gaston Poulet, séduit à son tour, le présente à Jeanine Micheau qui l’encourage et lui donne une lettre d’introduction pour se perfectionner à Paris. Le ténor basque Fontecha lui enseigne la technique du Bel Canto et Maurice Escande, l’art théâtral. C’est ainsi qu’il débute, en 1943, dans Don Pasquale où il triompheau côté de Vina Bovy. La même année, il participe à un film, avec Pierre Fresnay et Madeleine Renaud, où il chante une chanson Loulou Gasté. On l’entend également à la radio. C’est en 1945 qu’il enregistre ses premiers succès : « Amor, amor », « Besame mucho ». A Chaillot, il partage l’affiche avec Piaf et Montand. C’est alors qu’il rencontre un autre basque, Francis Lopez, dont il crée la première opérette le 24 décembre 1945. Prévue pour six semaines, elle tient l’affiche cinq ans et le disque tiré de l’opérette atteint 1 250 000 exemplaires. Pendant dix ans, c’est une suite de succès éclatants (Andalousie, 1947, Le Chanteur de Mexico, 1951), sur scène comme au cinéma (Violettes Impériales), où il joue dans une vingtaine de films, de 1945 à 1958, qui sont traduits dans de nombreuses langues. Il fait des tournées triomphales en Amérique du Sud. En 1957 et 1959, Mariano accompagne la caravane du Cirque Pinder sur les routes de France, puis il se produit à l'Olympia. S’il continue à triompher dans l’opérette taillée à sa mesure (Le Prince de Madrid, 1967), s’il fait toujours la joie des chansonniers railleurs, il commence à être détrôné par la vague yéyé. En 1969, il assure la création de La Caravelle d'Or qu’il devra abandonner à cause de la maladie qui l’emportera quelques mois plus tard. Il était titulaire de diverses décorations, dont l'Ordre espagnol d’Isabelle la Catholique.

On a accusé le couple Mariano/Lopez, d’avoir tué l’opérette en France. On peut tout aussi bien soutenir le contraire. Certes la musique n’est pas des plus subtiles ni les livrets très intellectuels. Mais au sortir de la guerre, ces spectacles très enlevés, très colorés, satisfaisaient le besoin de grands spectacles que la comédie musicale américaine imposait, dans un autre style, Outre-Atlantique. Le public accourait. Même les non mélomanes appréciaient la voix d’or de Mariano. Roberto Alagna avoue qu’il a été à l’origine de sa vocation lyrique. Mariano jouira d'une très grande popularité en Amérique latine, en France, en Espagne et au Québec. On trouve parmi ses admirateurs des noms aussi surprenants que Maria Callas, Cecilia Bartoli, ou Rolando Villazón, à cause de sa technique du bel canto et du rubato.

On peut aujourd’hui regretter que Mariano ait cédé à la facilité de la variété. Mais il l’a fait avec probité, sans tomber dans la facilité ou le mauvais goût. Il n’a pas eu de successeur. On peut tout autant regretter les salles combles d’autrefois où les gens simples venaient rêver d’«Une nuit à Grenade » ou de « Mexico ». Si la tombe d’Arcangues est toujours fleurie, ce n’est sûrement ni par hasard ni immérité.

Danielle Pister