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Le monde lyrique est en deuil. Le ténor italien, Carlo Bergonzi vient de nous quitter le 25 juillet 2014, quelques jours après avoir fêté son quatre-vingt-dixième anniversaire. Moins populaire en son temps que Di Stefano, Del Monaco, Corelli et, plus récemment, que Pavarotti et Domingo, il appartenait à cette génération de chanteurs nés dans les années 1920 et qui donneront leur pleine mesure sur scène et en studio à partir des années 1950, au moment du ritrattobdécollage du disque microsillon. Maria Callas, Renata Tebaldi, Victoria de Los Ángeles, Dietrich Fischer-Dieskau sont ses contemporains. Militant antifasciste pendant la dernière guerre, déporté en Allemagne pour cette raison, Bergonzi fréquente ensuite le Conservatoire de Parme et commence une carrière de baryton à la fin des années 1940, dans plusieurs opéras de la province italienne. Prenant rapidement conscience que cette tessiture ne lui convient pas, il reprend ses études en autodidacte, pour entamer une nouvelle carrière de ténor en 1951, incarnant notamment le personnage d’André Chénier au théâtre de Bari. Ses premiers engagements à la Scala se situent en 1954 à la veille d’une grande carrière internationale qui le mènera sur les cinq continents avec, en particulier, près de 300 représentations au Metropolitan Opera de New York. Paris sera, hélas, peu présent dans ce parcours, à l’exception notable d’un enregistrement de Tosca à la salle Wagram avec Maria Callas en 1964. Cette carrière remarquable se prolongera pendant plusieurs décennies jusqu’à la fin des années 80 et Carlo Bergonzi fera ses adieux à la scène à New-York, en 1996, tant au MET qu’à Carnegie Hall. Il se consacrera ensuite à l’enseignement aussi bien qu’à son Hôtel-Restaurant  I due Foscari à Busseto, la ville de Verdi. Très estimé par ses pairs, il n’avait que des amis dans le monde musical et Pavarotti l’appelait, affectueusement, « le patron ».

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 Devant Carnegie Hall - 1996

Acteur assez moyen, l’artiste était doté d’une voix d’une exceptionnelle musicalité, assez rare chez les chanteurs italiens de sa génération, avec une maitrise du souffle exemplaire et un legato d’une tenue unique en son genre. Né dans le pays de Parme, inhumé le 28 juillet dernier à Bussetto, il était du même terroir que Giuseppe Verdi et passait, à juste titre, pour l’interprète idéal du grand compositeur du Risorgimento. Il n’en était pas moins capable d’interpréter au mieux les grands rôles de Puccini et du répertoire vériste, tout en étant à l’aise dans le pur bel canto comme en témoigne ces différentes incarnations du personnage d’Edgardo de Lucia di Lamermoor.

Carlo Bergonzi a eu le privilège d’avoir pour partenaires les plus grands chanteurs de son temps parmi lesquels Renata Tebaldi, Renata Scotto, Birgit Nilsson, Leontyne Price, Tito Gobbi, Ettore Bastianini, Robert Merill. Il a travaillé avec des chefs d’orchestre aussi prestigieux que Bruno Walter, Herbert von Karajan, Georg Solti, Eric Leinsdorf, Raphaël Kubelik, Carlo-Maria Giulini. Le signataire de ces lignes a gardé un fort souvenir d’un Requiem de Verdi, interprété à l’Opéra de Rome en avril 1966, dans lequel Bergonzi interprétait à la perfection la partie de ténor sous la baguette de ce même Giulini. Deux années auparavant, il s’était produit dans ce même Requiem, dans un concert new-yorkais dédié à la mémoire du Président Kennedy, sous la direction de Georg Solti. Autre souvenir personnel qui sera certainement commun à plusieurs amis mélomanes de Lorraine : l’incarnation du personnage d’Edgardo à l’opéra de Nancy, en octobre 1974, dans le chef-d’œuvre de Donizetti.

Le ténor nous laisse une discographie considérable, réalisée sous les plus grands labels et que nous évoquons sur cette page. Elle est, de plus, présentée en détail sur le site personnel de l’artiste. Signalons enfin que France-Musique vient de lui rendre un fort bel hommage au cours d’une émission que l’on peut réécouter en cliquant sur ce lien. En vidéo, faute d’intégrales d’opéras en DVD, on se contentera de nombreux airs, extraits de récitals, disponibles généralement sur YouTube, comme, iciO Paradisio, extrait de L'Africaine et Celeste Aïda.

Particulièrement affable, Carlo Bergonzi avait un bon contact avec la presse et les critiques. En témoignent cette interview en anglais reproduite sur le site de Bel Canto Society.

Après Enrico Caruso et Jussi Björling, Carlo Bergonzi fut sans doute le ténor le plus musical de son siècle. Merci Maestro !

Jean-Pierre Pister