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Il existe sans doute peu de mélomanes qui puissent encore se souvenir des débuts de Geori Boué, alors âgée de 17 ans, dans le rôle travesti d’Urbain des Huguenots de Meyerbeer, sur la scène du Capitole de Toulouse, sa ville natale, en 1934. Plus nombreux sont ceux qui la découvrirent quand elle abandonna, à la fin des années 1950, les rôles de soprano léger de ses débuts, pour ceux de Carmen ou de Charlotte. boue geori photo harcourt

Elle avait étudié au conservatoire, dès l’âge de sept ans, le piano, la harpe et l’harmonie avant de se tourner vers le chant à 15 ans. Elle garda longtemps la silhouette juvénile qui convient aux frêles héroïnes de ses débuts. Dotée d’une grâce naturelle qu’elle perfectionna en travaillant la comédie et la danse, elle fit le dur apprentissage, gage d’une longue carrière, de tous les chanteurs lyriques de son époque, qui les obligeait à passer de l’opéra à l’opérette. Arrivée en 1939 à Paris, elle est remarquée par Jacques Rouché qui l’engage dans le rôle de Mimi à l’Opéra-Comique. Le public tombe sous le charme de sa voix, de sa diction, autant que celui de sa prestance scénique. Il devait lui rester fidèle jusqu’à la fin de sa carrière.

Mais rapidement le déclenchement de la guerre oblige la jeune femme, comme tant d’autres, à trouver refuge dans le Midi. La chance lui sourit à l’Opéra de Toulon où elle interprète La Traviata aux côtés de Miguel Villabella, alors célèbre ténor lyrique qui fit l’essentiel de sa carrière à l’Opéra-Comique. Reynaldo Hahn, dans la salle, est immédiatement séduit par cette Violetta. Or le compositeur venait juste de reconstituer, avec le compositeur et chef d’orchestre Henri Büsser, la partition originale de Mireille, dénaturée par une fin heureuse substituée à celle voulue par Gounod. C’est à Geori Boué que reviendra l’honneur de recréer cette œuvre en 1941, dans le cadre prestigieux du Théâtre Antique d’Arles. Le triomphe fulgurant obtenu lance la carrière de la chanteuse. La capitale la réclame. Elle reprend Mireille à l’Opéra-Comique et, en 1942, à l’occasion du centenaire de la naissance de Massenet, elle incarne Thaïs au Palais Garnier. Parmi les spectateurs conquis se trouve Sacha Guitry qui lui propose aussitôt le rôle-titre du film qu’il prépare, La Malibran, tourné en 1943. Elle y paraît aux côtés de Jacques Jansen et de Jean Cocteau. La jeune soprano peut y déployer ses talents de comédienne, de chanteuse mais aussi de harpiste !

Dans les années d’après-guerre, la cantatrice grave le rôle de Marguerite dans le Faust de Gounod puis celui d’Antonia dans Les Contes d’Hofmann d'Offenbach. Quelques années plus tard, ce sera Thaïs de Massenet. Le répertoire de Geori Boué ne cesse de s’élargir, toujours avec le même succès : Manon, Louise, Carmen (Micaela), Pelléas et Mélisande, Madame Butterfly, Les Noces de Figaro (Suzanne), Paillasse, La Traviata, le Roi d'Ys (Rozenn), Othello de Verdi ; Roméo et Juliette, Hérodiade (Salomé), Mârouf, savetier du Caire, dans les années 40 ; dans les années 50, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg (Eva), L'Aiglon (Duc de Reichstadt) d’Arthur Honneger, Eugène Onéguine en français (Tatiana). Cette dernière prestation lui vaut, à la demande de l’ambassadeur de l’URSS en France, d’être invitée par le Bolchoï à Moscou, en 1957, pour chanter ce même rôle dans une superbe production d’Eugène Onéguine, ainsi que Madame Butterfly.

Depuis 1945, elle menait une brillante carrière internationale : Bruxelles, Mexico, Milan, Barcelone, Chicago, Rio de Janeiro l’applaudissent. On la voit dans les émissions télévisées à succès de la RTF, produites par Henri Spade.

Elle enregistre en 1952, Thaïs aux côtés de son mari, de Jean Giraudeau, de Michel Roux, sous la direction de Georges Sebastian. Dans un autre genre, elle reprend en 1953, avec son mari, Ciboulette de Reynaldo Hahn. On doit prolonger les représentations prévues tant est grande la ferveur du public venu l’applaudir.

En 1957, elle quitte le Palais Garnier où elle a côtoyé les plus grands chanteurs de cette époque (Tito Schipa, Mario del Monaco, José Luccioni, Raoul Jobin, Georges Noré, Libero de Luca). En 1959, elle entreprend, avec un grand succès, une tournée en compagnie du comédien Maurice Escande, pour jouer la comédie musicale Mozart de Reynaldo Hahn, écrite sur un livret de Sacha Guitry en 1925. Elle participe à de grandes productions du Théâtre Mogador à la demande d'Henri Varna (La Belle Hélène en 1960, La Veuve joyeuse en 1962 qu’elle joue près d’un an). Au début des années 60, elle s’oriente vers un répertoire nouveau pour elle : le rôle-titre de Carmen, Charlotte de Werther, Tosca. Elle défend aussi la musique contemporaine : Le Fou (1956) et Les Adieux (1959) de Marcel Landowski et Colombe de Jean-Michel Damase (1961).

Depuis 1966, Geori Boué animait, avec le soutien d’André Malraux, alors Ministre de la Culture, le Centre Lyrique Populaire de France installé au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, permettant à de jeunes talents de travailler, aux côtés d’artistes confirmés, le répertoire classique et contemporain. À partir de 1969 et jusqu’en 1975, Geori Boué devient professeur d’Art Lyrique au Conservatoire de Boulogne-Billancourt. Elle poursuit parallèlement sa carrière lyrique lors de concerts, de reprises de ses grands rôles ou d’enregistrements discographiques. Mais elle se retire de la scène en 1973 afin de se consacrer pleinement à l’enseignement.

Géori Boué est décédée à Paris le 5 janvier 2017 à l'âge de 98 ans. Elle a eu deux filles dont l’une est la romancière Françoise Bourdin.

 

Danielle Pister