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Événement discographique chez Sony
«Jacques Mercier conducts Freench Masterworks»

Sony vient de publier un très beau coffret de dix CD reprenant tous les enregistrements réalisés naguère par Jacques Mercier à la tête de l’Orchestre National d’Ile de France dont il assura la direction artistique durant deux décennies, de 1982 à 2002. Ces gravures furent d’abord publiées sous étiquette RCA avant que ce label soit repris par le groupe japonais. Le Maestro prit ensuite les rênes de l’Orchestre Philharmonique de Lorraine, devenu sous son égide « National », pour le plus grand bonheur des mélomanes lorrains.

Nous connaissons depuis longtemps l’addiction du chef d’orchestre à la musique française des XIXe et XXe siècles. Celle-ci constitue une part importante de son répertoire au même titre que ces Sibelius et Chostakovitch dont les habitués de l’Arsenal de Metz ont gardé un fort souvenir. La publication de ce coffret est à marquer d’une pierre blanche pour deux raisons. Il faut d’abord souligner la grande qualité de cette formation alors récente, au début des années 80, l’Orchestre National d’Ile de France, créée dans le cadre de la politique menée par Marcel Landowski. En peu de temps, Mercier sut en faire un ensemble de premier plan avec, à sa disposition, d’excellents musiciens dont le premier violon Gérard Jarry, ancien soliste de l’Orchestre de chambre de Jean-François Paillard. Il faut ensuite insister sur l’intérêt des œuvres présentées : aux « tubes » maintes fois rabâchés, le chef et les réalisateurs ont préféré les chemins plus rares de la découverte, à l’exception d’un premier CD consacré à des airs religieux relativement connus de Gounod, Bizet, Franck, Massenet, Fauré, chantés ici par Françoise Pollet.

Camille Saint-Saëns, particulièrement mis à l’honneur, fait l’objet de trois CD différents, consacrés à des œuvres vocales pratiquement méconnues ou inédites pour lesquelles Jacques Mercier s’est assuré le concours du chœur régional Vittoria d’Île-de-France et de solistes éminents, parmi lesquels Nathalie Dessay, Françoise Pollet, Jean-Luc Viala. On peut ainsi découvrir des chefs-d’œuvre qui mériteraient d’intégrer le répertoire des grandes formations symphoniques et chorales. Nous nous contenterons de mentionner : le Requiem, et le Psaume XVIII, d’autant plus intéressants qu’ils ont été écrits par un compositeur agnostique ; la Cantate Le Déluge, poème biblique en trois parties ; enfin, plusieurs compositions réalisées sur les textes de Victor Hugo dont La Lyre et la Harpe et des fragments de L’Art d’être Grand-Père. L’œuvre de Saint-Saëns ne se résume pas au Carnaval des animaux, pas plus qu’à la Symphonie avec Orgue, ni à quelques concertos. Jacques Mercier et son orchestre le démontrent ici de façon éclatante.

Le nom d’Alfred Bruneau n’est connu que de quelques spécialistes, même si son Attaque du Moulin fut représentée à l’Opéra-Théâtre de Metz, il y a quelques années. Son Requiem et sa cantate Lazare, écrite sur un texte d’Émile Zola, ami du compositeur, complètent magnifiquement cet ensemble.

Le répertoire lyrique est représenté par cette œuvre de jeunesse de Georges Bizet qu’est le court opéra orientalisant Djamileh, servi notamment par l’excellente Marie-Ange Todorovitch que les habitués des représentations lyriques à Metz connaissent bien.

Deux CD sont consacrés à Albert Roussel avec, outre la Suite de Bacchus et Ariane, des œuvres moins connues telles que les Suites d’orchestres de l’opéra Padmavati et d’autres compositions encore plus inattendues comme le Bachelier de Salamanque et Le Marchand de sable qui passe.

Le Lorrain Florent Schmitt a toujours eu la faveur de Jacques Mercier. En témoignent ses enregistrements récents avec l’Orchestre National de Lorraine d’Antoine et Cléopâtre et du Petit Elfe ferme l’Œil, publiés sous étiquette Timpani. On se souviendra également de l’interprétation exemplaire, en concert, du fameux Psaume XLVII, donné en 2016 avec un excellent chœur coréen, aussi bien à Sarrebruck qu’au festival de la Chaise-Dieu, puis lors d’une grande tournée en Corée du Sud. On se réjouira donc de découvrir, dans cette série d’enregistrements, la musique composée en 1925 pour Salammbô, une adaptation pour le cinéma muet du roman de Flaubert. Le chef et son orchestre bénéficient ici du prestigieux Chœur de l’Armée Française avec lequel ils ont accompagné, au Festival d’Avignon, une projection publique de ce film ancien.

En ce début d’année 2018 qui marque le centenaire de sa disparition, mentionnons enfin le CD consacré à Claude Debussy. Il contient Le Martyre de Saint-Sébastien, composé sur un texte de Gabriele d’Annunzio et créé en 1911 avec une chorégraphie de Fokine et des décors et costumes de Bakst, l’un et l’autre liés aux Ballets russes. Trois années avant la première particulièrement mouvementée du Sacre du Printemps, Le Martyre de Saint-Sébastien provoqua déjà un scandale suffisamment important pour que l’Archevêque de Paris, le futur Cardinal Amette, menace d’excommunication tous les artistes qui participeraient à cet événement. Depuis lors, l’œuvre est peu programmée en concert et ne fut que très rarement servie par le disque. La version dirigée par Jacques Mercier n’en est que plus importante, bénéficiant notamment de la voix de Michael Lonsdale comme récitant.

Plusieurs des disques contenus dans ce coffret firent l’objet de distinctions parfaitement méritées : Prix de l’Académie du disque lyrique pour Djamileh, Grand prix de l’Académie Charles Cros pour Bacchus et Ariane, « Timbre d’Argent » du défunt magazine Le Monde de la Musique pour Le Martyre de Saint-Sébastien.

Formulons quelques vœux pour terminer. Le coffret, ici présenté, est édité en série « économique », pour un prix modique mais sans aucune notice musicologique, on peut le déplorer. Souhaitons que les magnifiques enregistrements réalisés, ces dernières années, à l’Arsenal de Metz, par Jacques Mercier et son Orchestre National de Lorraine, justement récompensés par plusieurs Diapasons d’or dont l’un « de l’année », fassent objet d’une édition regroupée. Enfin, verra-t-on un jour, distribué en France, cet album FILANDIA comportant trois des Concertos pour Piano du compositeur Selim Palmgren, seconde gloire musicale de la Finlande après son compatriote Sibelius ? C’est là le plus beau témoignage de ces années où le Maître eut en charge l’Orchestre Philharmonique de Turku.

Nous savons depuis longtemps que Jacques Mercier, découvreur infatigable de notre répertoire national, est un de nos meilleurs chefs d’orchestre français contemporains. Sa discographie en témoigne au plus haut point.

 

Jean-Pierre Pister, vice-président du CLM

 

 

Tony Poncet, « Le bombardier basque », 1918-1978

 

Qui n’a jamais vu Tony Poncet sur scène ne peut comprendre ce que signifie une salle qui « croule sous les applaudissements ». Surtout si elle se situait du côté du Midi. Du livre poncetparterre supposé élégant, jusqu’au fin fond du populaire « poulailler », éclataient les mêmes applaudissements, se déclenchaient les mêmes trépignements, jaillissaient les mêmes exclamations. Une onde, sourde et bruyante à la fois, envahissait la salle. Proche de celle d’un tremblement de terre, elle semblait annoncer le prochain effondrement des balcons. Mais personne ne songeait à s’enfuir. La déferlante sonore traversait l’espace pour converger vers un point magnétique : la silhouette, minuscule vue d’en haut, campée fièrement dans la lumière, à l’avant de la scène, attendant stoïquement que tout s’apaise. Tel Jupiter tenant la foudre entre ses mains, il ne pouvait pourtant arrêter cet orage qu’en déclenchant une seconde bourrasque, en bissant, voire en trissant, le grand air que tout le monde avait attendu si longtemps. Cela peut faire sourire, hausser les épaules ou provoquer une moue de dédain. Aucun de ces spectateurs n’a oublié cette ferveur qui les a un jour enveloppés d’un souffle chaud de bonheur. Pire, ou mieux, suivant le point de vue adopté, aucun n’en éprouve la moindre honte. Car, il faut le dire, les censeurs n’ont pas manqué qui ont condamné ce goût pour la prouesse vocale, ce plaisir immédiat, si peu intellectuel. Ils ont cherché toutes les raisons pour dénigrer ce qu’ils considéraient comme la négation même de l’art. Ils n’ont pas réussi à dégoûter les aficionados de Tony Poncet. Sans doute, ont-ils été plus efficaces pour abréger, voire briser sa carrière. Plusieurs décennies plus tard, les orphelins de cette « voix du bon Dieu », ont jalousement gardé les rares microsillons qu’il a laissés et recherchent jusqu’au Japon (extraits de Guillaume Tell, jadis publiés en microsillon par Philips), les reports sur CD dont les firmes françaises se montrent si avares. Mais cet automne, Malibran et Marianne Mélodie, ont publié des rééditions en CD de certaines de ses prestations.

DES DÉBUTS TARDIFS

La carrière, autant que la voix de Tony Poncet, fut atypique. Né près de Murcie, le 26 décembre 1918, Antonio José Ponce Miròn arrive, en 1922, à Bagnères-de-Bigorre, dont il gardera toujours l’accent rocailleux, avec ses parents. Scolarité médiocre, pauvreté qui l’oblige très tôt à divers travaux manuels. Il appartient à une famille sensible au chant et il participe, dès l’âge de 15 ans, à la chorale des Quarante chanteurs montagnards, la plus ancienne formation polyphonique de France, fondée en 1838 par Alfred Roland. A la déclaration de guerre, bien que non mobilisable puisque ressortissant espagnol, il s’engage volontairement dans la Légion. Grièvement blessé dans la Somme, en mai 40 et fait prisonnier, il fera cinq ans de stalag en Bavière et deux tentatives d’évasion. Le chef de camp remarque sa voix et lui propose d’apprendre la musique au Mozarteum de Salzbourg. Il refuse : «  Je fais partie d’un pays où les hommes sont fiers et chez moi, mon père s’il apprenait que j’ai chanté pour vous, je crois qu’il me donnerait un coup de fusil. » Les vibrants chants patriotiques qu’il enregistrera en 1960 chez Philips, ne relèvent donc pas d’un simple exercice de style. Il était titulaire de nombreuses décorations (Croix de guerre, Médaille militaire, croix du combattant de l'Europe, croix du combattant volontaire, médaille des engagés volontaires, médaille des blessés de guerre, médaille commémorative de la guerre 39/45, de la Presidential Medal of Freedom américaine). Il était aussi, à titre artistique, Chevalier de la Légion d’honneur et des Arts et lettres. Naturalisé français, celui qui est devenu Antoine Poncé entre au Conservatoire de Paris en 1947 où il côtoie Gabriel Bacquier, Michel Sénéchal, Michel Roux, Liliane Berton. Il fait des petits boulots de nuit pour vivre ou participe aux chœurs des spectacles d’André Dassary ou de Luis Mariano. Il renâcle quelque peu devant le solfège et les chefs d’orchestre devront s’en accommoder. Il dira à un jeune chef qui désirait se mettre d’accord avec lui sur les tempi, avant une représentation de Guillaume Tell : «  Ne t’inquiète pas, petit : tu n’as qu’à me suivre. De toute façon, le public vient pour moi et pas pour toi. »

Il fait ses débuts en concert à Lyon en 1953, puis chante à Avignon dans les rôles de Turridu de Cavalleria rusticana et Canio de Paillasse qui restera son rôle fétiche et qu’il chantera environ 200 fois, y compris pour la télévision. En 1954, il participe au concours de ténors, organisé par Mario Podesta à Cannes. À 36 ans, il en est le lauréat, ex-æquo avec Gustave Botiaux, Roger Gardes, Alain Vanzo, Guy Chauvet, 20 ans, obtenant une mention spéciale. La finale diffusée en direct à la radio, permet à Tony Poncet de se faire connaître de la France entière dans le redoutable Di quella pira. Il part pour une tournée aux Etats-Unis, Mexique et Canada. A son retour, c’est la Belgique (Gand, Liège, Bruxelles) qui lui offrent ses premiers succès. En 1957, il débute à l’Opéra-Comique et au Palais Garnier où on le voit dans le Chanteur Italien du Chevalier à la Rose (avec Régine Crespin en Maréchale) ou le Rodolphe de La Bohème (1958), avant d’aborder les rôles lourds des ténors héroïques : Arnold (Guillaume Tell) qu’il incarnera 90 fois, assumant sans défaillir ses 22 contre-ut à chaque prestation ; Eléazar (La Juive) ; Raoul (Les Huguenots), Fernand (La Favorite) ; Vasco de Gama (L’Africaine) ; Don José (Carmen) ; Jean (Hérodiade). On le trouve également dans Le Trouvère, Aïda, Tosca. On pourra le voir sur le petit écran, en 1960, dans Angélique de Jacques Ibert et dans la production De Béthune au chat noir en 1974. Il apparaît, en 1960, au cinéma dans La Pendule à Salomon de Vicky Ivernel.

UNE CARRIÈRE BRÈVE MAIS BRILLANTE

Paris ne programmant guère ses rôles favoris, il claque la porte des théâtres nationaux et chantera désormais essentiellement en Province, en Belgique et en Afrique du Nord : c’est à Alger qu’il chante son premier Radamès en 1960. Il fut invité à chanter Les Huguenots en 1969, année où il se marie, au Carnegie Hall aux côtés de Beverly Sills. Des ennuis de santé l’obligent à s’éloigner de la scène à partir de 1970. Il fut très affecté d’avoir été écarté de l’Opéra de Paris par son nouveau directeur Rolf Liebermann. Sa dernière apparition sur une scène d’opéra date de 1974, au Capitole de Toulouse. Il donnera encore quelques concerts jusqu’en 1977, le dernier en Belgique, avant de mourir, en 1979, à Libourne. Il repose à Saint-Aigulin, en Poitou-Charentes, dans son costume d’Arnold.

Sans complexe, Poncet se comparait aux plus grands, du passé et du présent, considérant avec fierté qu’il avait « deux notes d’aigu de plus » que chacun d’entre eux, y compris Caruso. Il mettait un point d’honneur à interpréter tous les ouvrages dans la tessiture originale, faisant remarquer qu’« aucun ténor que l’on classe parmi les plus grands, Mario del Monaco, Giuseppe Di Stefano, Franco Corelli, ne chante dans le ton (toujours un demi-ton ou un ton en-dessous de la partition) ». Il rêvait de  rencontrer les dix meilleurs ténors italiens et de les prends un par un : « Alors on verra bien celui qui chante et ceux qui vocalisent. » Il ajoutait qu’il n’y avait eu que trois ténors en France : « Vezzani, Luccioni et…Poncet. » Cela ne relevait pas de la forfanterie. Il ne donnait pas l’impression d’être imbu de sa personne. S’il était parfois d’une franchise peu diplomatique, il n’écrasait jamais ses partenaires. C’est ainsi qu’à Marseille, il encouragea un jeune baryton, nommé José Van Dam, d’un chaleureux « C’est bien, petit, continue ! ». La conscience qu’il avait de la nature exceptionnelle de sa voix l’obligeait, par honnêteté envers son public, à ne pas s’économiser et à répondre à son attente, avec une générosité jamais prise en défaut. Les auditeurs étaient sensibles à cette sincérité et succombaient au charme d’une voix naturelle, à l’émission saine, qui s’était mesurée aux grondements du Gave et aux espaces des cirques pyrénéens. Son timbre rond et coloré s’épanouissait sur une quinte aiguë éblouissante tant elle semblait atteinte sans effort. Les puristes faisaient la fine bouche. Les doctes critiques le fustigeaient. Le public, surtout celui du « poulailler », jubilait et revenait chaque fois plus nombreux. Il oubliait le comédien inexistant, le ridicule involontaire de sa petite taille confrontée à celle de certaines de ses partenaires tenues de renoncer au moindre talon pour rester à sa hauteur (1,60 m). Il ne lui échappait pas que cette voix était capable de nuances, de diminuendo et rinforzando sur le souffle, du meilleur aloi. Sans même connaître l’étymologie, le spectateur expérimentait ce que le chant doit aux incantations magiques (carmen, carminis) : en l’écoutant, il voyait non plus l’interprète mais le héros qui prenait vie et forme grâce à cette voix unique. Certaines rééditions récentes en CD ne peuvent que combler ces admirateurs.

 

Mathilde Poncé, qui n’avait que dix ans au décès de son père, a publié : Tony Poncet, Ténor de l’Opéra, une voix, un destin, L’Harmattan, décembre 2009, à l’occasion du trentième anniversaire de sa disparition.

Danielle Pister

Les mélomanes amoureux de grandes voix sont heureux de suivre, depuis bientôt trente ans, la carrière exemplaire de Nathalie Stutzmann. Formée d’abord par sa mère, Christiane Stutzmann, de l’Opéra, ayant ensuite suivi l’enseigement de Michel Sénéchal puis de Hans Hotter, la cantatrice possède cette rare tessiture de contralto qui a pu être comparée à celle de la grande Kathleen Ferrier. Les discophiles se souviennent, en entre autres gravures d’exception, de ses interprétations de Lieder de Schumann, du Voyage d’hiver et de La Belle Meunière de Schubert, de plusieurs enregistrements d’œuvres du répertoire baroque, de ses interventions chantées dans les Deuxième et Troisième Symphonies de Mahler. Nous avons en mémoire, pour notre part, les très belles transmissions radiophoniques, d’Orphée de Gluck et d’un Pelléas dans lequel Nathalie incarnait à la perfection le personnage de Geneviève.

Nathalie Stutzman

Non contente d’avoir une voix exceptionnelle, Nathalie Stutzmann s’est lancée, il y a quelques années dans la direction d’orchestre, confortée par la formation très complète qu’elle a reçue naguère, comme pianiste, bassoniste et chambriste. Avec son ensemble Orfeo 55, elle s’est produite dans le monde entier et nous a laissé des enregistrements mémorables d’œuvres de Vivaldi, Bach, Haendel. Ne souhaitant pas se cantonner dans le répertoire baroque, Nathalie Stutzmann, conseillée par des chefs d’envergure, tels que Seiji Ozawa et Simon Rattle, s’est lancée dans le grand répertoire symphonique à la tête de plusieurs formations européennes, américaines et japonaises. Depuis le mois de septembre dernier, elle occupe les fonctions de chef principal invité de l’Orchestre symphonique de la radio irlandaise à Dublin. Nous l’avons ainsi entendue, dans une retransmission radiophonique, livrer au public une belle interprétation de la Seconde symphonie de Brahms qui n’était pas sans rappeler celle du grand Bruno Walter. En 2018, elle sera promue Chef Principal de l'Orchestre symphonique de Kristiansand en Norvège. Enfin, elle n’hésite pas à descendre dans la fosse pour de grandes représentations d’opéra. C’est ainsi qu’elle dirigea, il y a quelques mois, la rare version française du Tannhäuser de Wagner avec José Cura dans le rôle-titre. Lors du prochain festival d’Orange, en 2018, elle assumera la direction du Mefistofele de Boito, œuvre plus rare encore, du moins en France.

Chaque nouvel enregistrement d’une artiste aussi complète constitue donc un événement. C’est le cas du récent album paru chez Erato, Quella Fiamma ! Arie Antiche. Il s’agit d’un recueil de vingt-cinq airs composés par des musiciens des XVIIe et XVIIIe siècles, parmi lesquels Scarlatti, Carissimi, Porpora, Caldara, Haendel (un fragment de son Giulio Cesare), pour ne citer que les principaux. Sont intercalés, parmi ces petites pièces chantées, des fragments orchestraux réalisés à partir d’œuvres de ces mêmes compositeurs. Ces différents airs ont fait l’objet d’une compilation réalisée par le musicologue italien Alessandro Parisotti (1853 - 1913) qui les a publiés à la fin du XIXe siècle dans une version avec accompagnement de piano. Ils étaient bien connus des chanteurs lyriques mais, en grande partie, ignorés du grand public. La présente réalisation n’en a que plus de valeur. Nathalie Stutzmann y est à son meilleur et, outre son timbre unique, on admirera particulièrement l’excellence de son italien. La cantatrice-chef d’orchestre et ses instrumentistes ont réalisé un travail de recherche musicologique remarquable, avec un accompagnement orchestral particulièrement bien adapté à ce répertoire. Il est impossible de citer toutes les pièces figurant sur ce CD, les instrumentistes d’Orfeo 55 fournissant un superbe écrin orchestral.

 Après Prima donna d’après des œuvres de Vivaldi, et la Cantate imaginaire, compilation géniale d’œuvres de Jean-Sébastien Bach (Deutsche Grammophon), après les Héros de l’ombre de Haendel (RCA), ces Arie Antiche viennent compléter une discographie du plus haut niveau. Ce programme a déjà été donné en concert en France et à l’étranger en particulier, à l'Opéra Orchestre national Montpellier où l’ensemble Orfeo 55 est désormais en résidence, après avoir été l’hôte, pendant plusieurs années, de l’Arsenal de Metz. Nous permettra-t-on d’avoir une tendresse particulière pour ce Plaisir d’amour que tout un chacun croit connaître et qui est ici restitué dans sa version originale, celle du compositeur lui-même, Jean-Paul-Egide Martini (1741 - 1816) ?

En définitive, un disque exceptionnel, à posséder de toute urgence.

Jean-Pierre Pister, vice-président du Cercle Lyrique de Metz.

 

Un site comme le nôtre se doit de rendre hommage à un artiste messin d’exception, le pianiste Jean-Efflam Bavouzet.bavouzet

Né en 1962, Jean-Efflam a baigné dès son plus jeune âge dans un univers imprégné de musique, dès lors que sa mère était Professeur d'Education musicale dans un des principaux lycées de la ville. Formé à la pratique des percussions puis du hautbois et, enfin, du piano au Conservatoire de Metz, le futur artiste y remporta, dès l’âge de quinze ans, un Premier Prix. Dans le même temps, les Rencontres Internationales de Musique Contemporaine, organisées dans la cité mosellane à partir de 1972, devaient permettre au futur artiste de se familiariser avec des langages musicaux aussi divers que ceux de Karl-Heinz Stockhausen, Mauricio Kagel, Olivier Messaien, Pierre Boulez. Jean-Efflam se perfectionna ensuite au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris où il fut, notamment, l’élève de Pierre Sancan.

Nous nous souvenons avec émotion des Variations sur un thème de Paganini, de Brahms, interprétées magistralement par un jeune pianiste de dix-neuf ans dans l’amphithéâtre de la Faculté des Lettres de Metz, c’était en mars 1981.

Le chemin parcouru, ensuite, par l’artiste, est considérable, avec, d’abord, une série de distinctions internationales : Lauréat de l’Académie Maurice Ravel à Saint-Jean-de-Luz, Premier Prix Beethoven à Cologne, Prix de musique de chambre au concours Van Cliburn, aux Etats-Unis. S’ouvrirent, ainsi, les portes d’une grande carrière, de Budapest à Tokyo, de Londres à Pékin ou en Amérique.


Jean-Efflam n’en reste pas moins fidèle à ses racines. Habitué du festival de la Roque d’Anthéron où il se distingua dans les Sonates de Beethoven, il revient régulièrement à Metz et le public de l’Arsenal a pu l’applaudir, ces dernières années, avec l’Orchestre National de Lorraine, dans le Premier Concerto de Beethoven, le redoutable Second de Prokofiev, le Troisième de Bartók, sous la baguette de Jacques Mercier ou de tel chef invité.

Jean-Efflam Bavouzet fit la connaissance de Sir Georg Solti, lors d’une rencontre fortuite en Suisse, en 1997. Hélas, le décès du grand chef hongrois, quelques semaines plus tard, ne devait pas déboucher sur la collaboration attendue.

C’est donc sous la direction de Pierre Boulez que le pianiste obtint un triomphe dans le Troisième Concerto de Bartók avec l’Orchestre de Paris, quelques mois plus tard. Depuis ces rencontres mémorables, le pianiste s’est également produit avec des chefs d’orchestre aussi importants que Daniele Gatti et Vladimir Ashkenazy.

Après des débuts discographiques répartis entre plusieurs labels, avec, en particulier, une superbe Intégrale Ravel chez MDG en 2004, Jean-Efflam enregistre maintenant, de façon quasi exclusive, pour la firme britannique CHANDOS.

Enfin, ce portrait serait incomplet si l’on oubliait de signaler la passion qu’éprouve notre pianiste pour les trains électriques miniatures et le modélisme ...

 

Jean-Pierre Pister

 

Le site Internet officiel de Jean-Efflam Bavouzet   
      
 Le blog de l'artiste

Notre ONL de nouveau distingué et récompensé.

Les musiciens de l’Orchestre National de Lorraine et leur directeur musical, Jacques Mercier,

nous ont habitués à l’excellence, au concert comme au disque.

  orchestre national de lorraine jacques mercier ibe

Leur dernier CD sous label Timpani et consacré à Jacques Ibert 

reçoit un nouveau Diapason d’Or, le quatrième depuis 2007.

Il comporte deux œuvres méconnues, Le Chevalier errant et Les Amours de Jupiter.

L’ONL et son chef s’y couvrent de gloire et nous livrent un disque  exceptionnel,

enregistré dans la Grande Salle de l’Arsenal.

Amis mélomanes messins, soyons fiers de notre orchestre

et rendons lui hommage avec cette analyse et deux extraits de cet enregistrement.