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 Il y a les soirs de premières auxquelles on se rend par curiosité. Parfois, plus pour être vu que pour écouter. L’événement est alors vite oublié. Et puis, il y a les soirs de « dernières ». En dehors des officiels obligatoirement requis, ne vient alors que le public qui a suivi avec intérêt, et sur un temps plus ou moins long, les prestations d’un soliste, d’un orchestre, d’un chef. C’est la mémoire chargée des échos des concerts passés que l’on écoute une prestation d’adieu. Le cœur un peu serré, on savoure ce que l’on a tant aimé dans la précision des attaques, la justesse des tempi et surtout l’intelligence de l’interprétation. C’est là qu’on reconnaît le grand interprète : savoir faire pénétrer l’auditeur dans l’univers mental du compositeur, lui faire partager ses émotions, lui révéler son génie. Ce n’est déjà pas simple pour un soliste, alors pour un chef d’orchestre cela tient de la magie car il s’agit de communiquer à tous les pupitres, son propre souffle sans trahir celui du créateur.

 

J-Mercier


Indéniablement, Jacques Mercier depuis son arrivée, en 2002, à la tête d’une Philharmonie de Lorraine, devenue en quelques mois Orchestre National de Lorraine, a su être un merveilleux pédagogue pour son public et il a amené son orchestre à une excellence jamais démentie, justifiant ce label « national » que le Ministère de la Culture lui a accordé, 26 ans après sa fondation. Pendant 16 ans, le chef a fait entendre des musiques que l’on croyait connaître mais dont on redécouvrait des facettes ignorées. Jamais la Symphonie fantastique, sous la direction de Jacques Mercier, n’a mieux mérité son nom que dans cette salle magnifique de l’Arsenal où il l’a fit magnifiquement sonner. S’il s’est fait une spécialité de la musique française, il n’en a pas moins abordé des compositeurs et des œuvres un peu délaissés en France (les Symphonies de Sibelius et de Chostakovitch, la Messe Glagolitique de Janacek). Il n’hésita pas à donner dans la salle de l’Arsenal des œuvres du répertoire lyrique, comme La Damnation de Faust, Les Pêcheurs de Perles ou cette trop rare Vida breve de Manuel de Falla dans une version de concert semi-scénarisée. Le chef n’a jamais bâti un concert en se contentant d’assembler quelques pièces éparses : chaque prestation était justifiée par une thématique toujours pertinente. Le fait que l’Arsenal accueille des compositeurs en résidence, a donné lieu chaque année à une création contemporaine sous sa direction. Jacques Mercier s’est d’autant mieux identifié à son orchestre qu’il est natif de Metz et, de plus, fils d’un pianiste et compositeur qui a beaucoup compté dans la vie musicale de Metz au siècle dernier.

Le concert s’ouvrait sur la création de la courte Sinfonietta IX d’un compositeur libanais, née d’une réflexion sur l’œuvre la plus emblématique de Beethoven, la IXe symphonie qui constituait la pièce maîtresse de ce concert. Zad Moultaka remet en question l’appel final à la fraternité dont les accents lui semblent propres à éveiller une aspiration inverse. Pour ce faire, il enserre quelques brèves et ténues réminiscences de l’Hymne à la joie dans un réseau sonore où dominent les percussions guerrières et sombres. Les célèbres paroles « Freude, schöner Götterfunken » sont chantées par la mezzo, sur un ton dramatique. Une entreprise qu’il serait intéressant de réentendre.

Le chef avait déjà dirigé l’œuvre-phare de Beethoven à l’Arsenal en juin 2003. Il y met toujours la même remarquable énergie et maintient une tension qui va croissant pour exploser sur l’intervention des chœurs et du quatuor des solistes. Ce finale est particulièrement exigeant pour les voix et il faut saluer la qualité des interprètes (Raquel Camarinha, Julie Robard-Gendre, Thoma Bettinger, Sunghon Kim) dont l’articulation allemande reste perfectible. Cette fois-ci, le chef bénéficiait d’un effectif choral à la mesure de l’ampleur que Beethoven a voulu lui donner : étaient réunis le Chœur national de Corée, fondé en 1973, qui chante aussi bien le répertoire européen que coréen. Il était complété par l’Andong Civic Chorale, de création plus récente (2008). Cette présence illustrait la coopération entamée par Jacques Mercier et l’Orchestre Nationale de Lorraine avec la Corée du Sud. L’ensemble est particulièrement discipliné et homogène et rend justice à la partition, même si la prononciation de l’allemand peut être améliorée. Bel effet visuel de toutes les robes blanches des choristes féminines se détachant sur les costumes sombres des Messieurs.

La salle a salué par une longue standing ovation cette exécution et le travail accompli par le Maître pendant ces seize ans de direction. Jacques Mercier, après avoir remercié le public et son orchestre, compléta le concert par l’exécution de l’Hymne européen, conçu naguère par Herbert von Karajan sur le thème de l’Hymne à la Joie. Quant aux chœurs, après les congratulations des autorités de la Ville et de la Région au Maître, ils gratifièrent la salle d’un chant coréen qui fleurait bon les musiques de films hollywoodiens des années cinquante dont l’action se déroulait en Orient.

Ainsi s’achevait le dernier concert, comme Directeur musical de l’Orchestre national de Lorraine, de Jacques Mercier. Peu de temps auparavant, il avait dirigé à l’Opéra-Théâtre de Metz-Métropole, le Samson et Dalila de Saint-Saëns, montrant l’éclectisme de son talent et sa profonde connaissance de la musique lyrique française. Il reviendra, comme chef invité, diriger l’Orchestre National de Lorraine - futur Orchestre National de Metz - l’an prochain. A bientôt, Maître : votre public vous attend déjà avec impatience.

 

Danielle Pister

 

Nous mettrons prochainement en ligne un article à la discographie réalisée par l’Orchestre National de Lorraine sous la direction de Jacques Mercier.